Parc de Clères et Ménagerie du Jardin des Plantes, France

Cohabitation entre conures et tamarins

Développer les enclos multi-espèces tout en s’assurant du bien-être de l’ensemble des animaux.

Illustration Cohabitation entre conures et tamarins

Objectif du projet

Dans le cadre du développement du programme d’élevage européen des conures à poitrine bleue (Pyrrhura cruentata), le coordinateur a souhaité développer les enclos de mixité conures – callitrichidés. Les objectifs d’une telle cohabitation sont multiples : 

  • Promouvoir et développer la présentation des conures à poitrine bleue dans les parcs européens
  • Augmenter les capacités d’accueil des deux espèces en mutualisant les enclos
  • Sensibiliser le public à la préservation d’un milieu unique et promouvoir des programmes in-situ

Avant d’émettre des recommandations à ce sujet, nous avons testé l’impact de cette cohabitation sur deux groupes d’animaux afin de voir les effets sur leurs activités et leur bien-être.

Description

Depuis 2019, un studbook européen (ESB) a été mis en place au sein de l’EAZA pour la gestion ex-situ des conures à poitrine bleue. Cette espèce classée comme “Vulnérable” n’est présente que dans une vingtaine de parcs zoologiques en Europe (BirdLife International, 2016). Un des rôles principaux du programme est de valoriser les conures à poitrine bleue auprès du public afin de les sensibiliser à la déforestation massive qui détruit la forêt atlantique du Brésil d’où elles sont originaires (Marsden et al., 2000). Plusieurs espèces de tamarins et ouistitis partagent cet habitat avec les conures et sont de véritables symboles des succès des réintroductions dans la nature depuis les parcs zoologiques (Freitas et al., 2006). Le souhait de l’ESB est donc de mener une étude sur la création d’enclos de mixité entre conures et callitrichidés.

En parc animalier, la création d’espaces de cohabitation pour des espèces sympatriques et non compétitrices en milieu naturel peut présenter de nombreux avantages tant pour les animaux qui y sont exposés que pour l’expérience des visiteurs (Leonardi et al., 2010). Peu recensés chez les conures à poitrine bleue, les exemples d'enclos de mixité sont en revanche nombreux pour les espèces de Callitrichidés et les avantages de ces cohabitations tant en parc animalier qu’en milieu naturel sont largement documentés (Buchanan-Smith et al., 1997 ; Buchanan-Smith et al., 1999 ; Buchanan‐Smith, 2012 ; Sodaro, 1999). Les guidelines callitrichidés édictées par l’EAZA sont également en faveur de ces espaces mixtes, tout en mettant l’emphase sur l’importance d’effectuer un suivi rigoureux et régulier des animaux tout au long du projet (Ruivo et al., 2022). 

A cette fin, deux études comportementales ont été réalisées, l’une au Parc de Clères et l’autre à la Ménagerie du Jardin des Plantes (MNHN). La première concernait la cohabitation des conures avec un groupe de tamarins empereurs (Saguinus imperator), la seconde avec un groupe de tamarin-lion doré (Leontopithecus rosalia).

L’élaboration du protocole d’observations, la récolte des données ainsi que leurs analyses ont été supervisées par notre bureau d'études. Pour chaque étape du projet, les comportements et répartitions spatiales des animaux dans l’enclos ont été collectés. Les points d’alertes et les éléments contribuant au succès de cette cohabitation ont également été documentés.

Résultats

Dans un projet de cohabitation multi-espèces, il est important de s'assurer en priorité qu’aucun effet délétère pour le bien-être des animaux n’a été induit par la mise en contact et la présence d’une nouvelle espèce dans l’enclos. Dans les deux études, il n’y a eu aucune apparition de comportements indésirables (comme les stéréotypies) ni augmentation des conflits entre les animaux dans les mois qui suivirent leur mise en contact.

Bien au contraire, les observations comportementales réalisées au Parc de Clères et à la Ménagerie du Jardin des Plantes ont révélé une augmentation des comportements sociaux et de l’exploration, sans compétition inter-espèces. La cohabitation apparaît ainsi comme une source de stimulations positives tant pour les conures que pour les tamarins.

Trois ans plus tard, les conures à poitrine bleue cohabitent toujours harmonieusement avec les tamarins empereurs et les tamarins-lions dorés. La naissance de jeunes conures au Parc de Clères, en juillet 2024, illustre le succès de cette initiative de mixité.

Engagement bien-être animal

La conure à poitrine bleue reste une espèce peu connue et encore peu présente en parc zoologique. La présentation en enclos multi-espèces facilite son accueil par les établissements, et permet ainsi de développer la population captive. Cette cohabitation offre divers avantages, comme l’augmentation de l’espace disponible pour les deux espèces et la possibilité pour les visiteurs d’observer des interactions interspécifiques uniques.

Il était essentiel de vérifier l’impact sur le bien-être des animaux avant de promouvoir cette mixité. Les résultats ont été présentés à divers colloques spécialisés, et notamment à l’EAZA et à l’AFSA (Association Francophone des Soigneurs Animaliers). Grâce à cette étude, plusieurs parcs ont montré leur intérêt pour l’accueil de cette espèce !

Pour plus d’informations sur les conures et leur conservation, consultez les liens suivants :

➡ Conure à Poitrine Bleue - MNHN
➡ Conure à Poitrine Bleue - Parc de Clères

➡ Conure à Poitrine Bleue - Parrot Wildlife Foundation

>>Télécharger les résultats de l’étude (poster Akongo)<<

Références bibliographiques

BirdLife International (2016). Pyrrhura cruentata. The IUCN Red List of Threatened Species 2016: e. T22685783A93087500. https://dx.doi.org/10.2305/IUCN.UK.2016-3.RLTS.T22685783A93087500.en. Accessed on 29 August 2024

Buchanan-Smith, H. M., & Hardie, S. M. (1997). Tamarin mixed-species groups: an evaluation of a combined captive and field approach. Folia Primatologica, 68(3-5), 272-286. https://doi.org/10.1159/000157253

Buchanan-Smith, H. M. (1999). Tamarin polyspecific associations: forest utilization and stability of mixed-species groups. Primates, 40, 233-247. https://doi.org/10.1007/bf02557713

Buchanan‐Smith, H. M. (2012). Mixed‐species exhibition of Neotropical primates: analysis of species combination success. International Zoo Yearbook, 46(1), 150-163. https://doi.org/10.1111/j.1748-1090.2011.00151.x

Freitas, S. R., Neves, C. L., & Chernicharo, P. (2006). Tijuca National Park: two pioneering restorationist initiatives in Atlantic forest in southeastern Brazil. Brazilian Journal of Biology, 66, 975-982. https://doi.org/10.1590/s1519-69842006000600004

Leonardi, R., Buchanan‐Smith, H. M., Dufour, V., MacDonald, C., & Whiten, A. (2010). Living together: behavior and welfare in single and mixed species groups of capuchin (Cebus apella) and squirrel monkeys (Saimiri sciureus). American Journal of Primatology: Official Journal of the American Society of Primatologists, 72(1), 33-47. https://doi.org/10.1002/ajp.20748

Marsden, S. J., Whiffin, M., Sadgrove, L., & Guimarães Jr, P. (2000). Parrot populations and habitat use in and around two lowland Atlantic forest reserves, Brazil. Biological Conservation, 96(2), 209-217. https://doi.org/10.1016/s0006-3207(00)00071-9

Ruivo, E. B., Zoo, B., Stevenson, M. F., & Gardens, B. Z., Ryland, A.B. (2022). EAZA Best practice guidelines for the Callitrichidae. Edition 3.2.

Sodaro, V. (1999): Housing and exhibition of mixed species of Neotropical primates. Brookfield, IL: Chicago Zoological Society.

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